Article - Une vie qui s'effrite à coup de mesures !

Une vie qui s’effrite à coup de mesures !

« Donc toi au 13 mars 2020, tu roulais dans une Ferrari à vive allure lorsque tu as frappé le mur de la COVID-19 » a dit mon mentor ! Personne n’a pu aussi bien mettre en image mon sentiment !

En effet mon mentor disait cela parce que je venais de lui raconter que notre école récoltait enfin les succès de 10 ans de travail acharné, on venait tout juste de remporter le podium du championnat canadien et du championnat mondial dans plusieurs catégories en danses latines, amateurs et professionnels. Le nombre d’inscriptions était en augmentation notable, l’effervescence était à son maximum et nous étions en expansion. Toca Danse, école de danse à Boucherville célébrait alors plusieurs victoires.

Depuis, notre école de danse est sur un respirateur artificiel, de bataille en bataille, de soutien en soutien, de deuil en deuil, de perte en perte et aujourd’hui, après avoir cru en cette lumière au bout du tunnel, le train est peut-être sorti, mais notre wagon a été détaché. Sûrement, un oubli, une erreur technique, vous me direz ! Mais ça c’était en 2020, lorsque nous étions au début de la pandémie et que le pilote construisait l’avion pendant le vol.

À ce point-ci, c’est un manque de considération ! Honnêtement, je peux être résiliente, conciliante, compréhensive, forte et patiente. Mais je ne comprends plus.

On nous a demandé de se réinventer, d’être créatif, c’est notre métier. On l’a fait !
On nous a demandé d’adhérer aux différentes mesures. On l’a fait !
On nous a demandé de recevoir nos élèves dans une atmosphère si loin de ce que nous sommes, au risque de dénaturer notre travail. On l’a fait !
On nous a demandé de se faire vacciner pour retrouver nos libertés sociales et individuelles, on l’a fait ! 

On l’a fait, malgré les incohérences, malgré les incompréhensions et malgré les différentes frustrations. Notre école a adhéré à la moindre mesure, sans jamais rechigner. De sorte qu’en décembre, nous avons fermé volontairement aux vues du nombre grandissant de cas et ce, avant même l’appel du Premier ministre.

On l’a fait par solidarité, pour protéger notre clientèle et pour sauver notre système de santé. On l’a fait pour un système de santé malade de l’intérieur et qui craque de partout !

Je reste quand même dans l’incompréhension la plus totale face à ce début de déconfinement qui ne mentionne rien sur les entreprises et les activités de bien-être comme la mienne. J’estime que si je dois accepter de voir mon entreprise mourir à petit feu, de voir s’envoler mes rêves, mes projets d’avenir et ainsi, de voir ma vie s’effriter à coup de mesures, et ce depuis 23 mois, on me doit des explications :

  • Pourquoi n’avons-nous rien fait pour prendre soin de notre système de santé depuis 2 ans et avant cette 5e vague ?
  • Pourquoi devrais-je continuer à faire des sacrifices lorsque les doses de rappel, réclamées par plusieurs médecins, n’ont pas été distribuées au mois de novembre ? Et qu’on ne me dise pas que c’était une question d’effectif.
  • Quelle est la raison pour laquelle on n’ouvre pas nos écoles de danse pour adultes où ils sont vaccinés à trois (3) doses alors que les jeunes ne sont pas autant vaccinés ?
  • Pourquoi n’ouvre-t-on pas nos écoles où les gens dansent avec des masques à deux mètres les uns des autres ?
  • Pourquoi le sport des adultes est moins important que celui des jeunes ?
  • Pourquoi on m’empêche de travailler, de gagner ma vie ? Ça me fait sortir de mes gonds quand j’entends : On ne peut pas obliger quelqu’un à se faire vacciner pour se rendre à son travail, parce qu’on ne peut pas empêcher quelqu’un de travailler. La danse c’est mon travail et on m’empêche de le faire.

J’ai l’impression qu’on ouvre à celui qui fait le plus de tapage !! Est-ce que nous, les écoles de danse, devons se rendre là ?

  • Pourquoi devrait-on nous faire payer pour la délinquance de ceux qui ne respectent pas les règles ?
  • Pourquoi l’art, la culture, les fabricants de bonheur doivent-il être les premiers fermés et les derniers ouverts ?

En conférence de presse, cette dernière question a été posée au Dr. Luc Boileau et la réponse a été peu convaincante. En fait, depuis que le port du masque est obligatoire dans les cours de danse, aucune éclosion n’a été à ma connaissance répertoriée. Y a-t-il réellement plus de cas dans un studio de danse que dans un autre lieu ? Je veux des chiffres !

Qu’allons-nous faire à l’arrivée potentielle d’autres variants ? Vous n’avez certainement pas de boules de cristal, j’en conviens. Mais avez-vous un plan ? Un plan pour que nous restions vivants, un plan pour encourager les gens à continuer à se mettre en forme ? J’imagine qu’on mettra en place un crédit d’impôt pour toute personne qui investit dans sa santé, en prenant des cours de danse et des cours avec des professionnels de la mise en forme ?! Parce qu’on va se le dire, ce sera tout un défi de faire bouger les gens qui se sont habitués à rester assis dans le confort de leur divan ! On ne les ramènera pas dans nos studios en criant ciseaux !

Je veux vous dire que depuis que je suis au Québec, maintenant devenu ma patrie depuis plus de 20 ans, je vante les mérites d’une société qui te donne la chance de réussir et de t’accomplir dans la vie. Donnez-moi la chance de continuer de croire en cette possibilité d’une vie meilleure !

Je veux vous dire que ce métier, c’est ma santé mentale, mon équilibre et ma raison de vivre !

Je veux vous dire que je continue de me battre parce que je ne peux me résigner à laisser tomber ce que nous avons construit mes élèves, mon équipe et moi !

Je veux vous dire que je suis vaccinée à trois (3) doses, que je ne veux pas être à votre place, mais personne ne voudrait être dans ma peau en ce moment, non plus !

Je veux vous dire que je cherche par mes questions des réponses qui me motiveront à rester engagée et de continuer à croire en vous !

Donnez-moi de l’espoir et libérez mon expression !

 

Ilham Rouissi,

Présidente directrice générale et fondatrice
Toca Danse, École de danse